Textes automatiques - le seuil / intervalle / entre-deux

David Sire. 26042012. 10 minutes.

Le plus possible, je me tiens dans l’intervalle. J’y fais la peau, comme je peux, à l’injonction perpétuelle de l’espace et du temps.

Dans l’intervalle-­‐interstice, couic, je dérègle l’espace et je me glisse ailleurs.

Dans l’intervalle-­‐intermède, couic, je suspends le temps et vive l’éternité !

Plus que l’intervalle, à vrai dire, je cherche les portes qu’ouvrent les intersections. Car tout s’intersectionne. « A » tout seul et « B » tout seul m’intéressent beaucoup moins que A inter B.

Parce que dans chaque intersection, il y a un passage : une résurgence. L’univers entier se tient dans les inter-­‐trucs.

Si je parviens à me tenir, même un très court instant, sur la béance d’un intervalle, je rencontre le substrat, la substance du monde. Ce qui n’est ni A, ni B, ce qui jamais ne le sera, ce qui n’est pas. Ce qui n’est pas objet. Mais ce qui permet à tout d’être.

L’intervalle m’éclate. C’est dans lui que je danse.

Allez ! Entre ! Entre, 2 ! Entre ! Ne laisse pas le 1 jouer son numéro d’ogre dictateur. Entre ! Entre, 2 ! Multiplie toi, par 2, par 3, fais péter l’infini à l’infini ! Entre, 2 ! Entre ! 


Christophe Gaussent. 26042012. 10 mn.

Seuil intervalle, métamorphose, changer, pourquoi changer ? Quand je suis au seuil, ça rassure, pas bouger, ne rien faire, ne pas penser. Je change en quoi, vers quoi, pourquoi ? Au seuil je ne suis rien, tout est possible. Que veux tu faire, qui voudrais tu être ? Seuil, réinitialisation, l’univers des possibles, tout est possible. Je voudrais vivre au seuil, je suis tout et rien à la fois, mais si je le franchis, je serai quoi, hein ? Il faut que je me lance. Mais au seuil de ma vie est ma mort. Rester au seuil pour penser à ce que je veux être. Le temps est long, les gens m’attendent, mais pas trop quand même. Il me faut franchir ce seuil insurmontable. Arrête de te poser des questions ! La métamorphose n’est pas rédhibitoire, il faut que j’enchaîne les métamorphoses, les transformations, de mon corps de ma pensée, que je sois tout et son contraire, je saurai peut être qui je suis, où mon corps se sentira bien. Il faut que je teste, que je goutte, que je glisse, que je trébuche, que je me relève, que j’aime, que je déteste. Je saurai peut être mieux qui je suis. Je me répète, je sais, mais ici au seuil, je dors, je fuis, je m’isole, comme laissé pour mort. Qui peut m’aimer ainsi ? Je dois franchir le seuil de mes peurs sans me poser de question. Quelqu’un pour me filer un coup de pied au cul ? Je sais, ce n’est pas facile, mais vous me rendrez un fier service et, peut être de mon nouvel être, je vous rendrai l’appareil.

 

Arthur Navellou. 26042012. 10 mn.

Du coq à l’âne. On s’emporte. On s’entraîne comme des vagues qui ne connaissent jamais l’arrêt et qui ne font que passer. On ne fait que ça pas le temps d’être à l’arrêt alors je veux dire sur un mur on marche sur un fil on se tient et toujours à la lumière mais si le fil n’était que dans notre tête si passer la limite était comme sauter dans le vide air libéré de tout j’ai peur faut pas faut passer fout le camp fout tout en l’air où justement pas de limite moi je me rêve passeur et quand j’étais petit je marchais tout le temps tout le temps je marchais j’étais petit et je marchais où je voulais et je voulais le caniveau j’aimais bien ça le caniveau je trouvais c’était beau de marcher ou personne ne veut marcher aujourd’hui je suis sur le trottoir à pied sur la route à vélo oui ça change de grandir l’évanouissement dépasse le seuil il veut pas qu’on se laisse attraper. Mes yeux sont des pyramides on a passé le seuil tous en même temps prenons ça prenons l’espace qui nous défigurera comme une chance parce que dans l’interstice le temps est infini c’est dans les creux que je t’aperçois oui je veux marcher au-delà je veux enjamber je ne sais pas voir je sais juste avancer comme l’intervalle me manque il fait un peu le vide dans ma tête il y a le noir et le blanc et entre il y a la vie pardon je me perds je me perds parce qu’à écrire comme dire bientôt je suis dans l’intervalle toi/moi/toi/Moite/toi mieux tu veux du live. Je vais tracer entre toi et moi une ligne & ensemble on la passera pour mieux & se rencontrer ça m’a manqué, on est où ? Je te vois dans un grand manège de signes et moi quand les chevaux du manège passent je traverse la ligne immatérielle qu’ils m’on tracé et je te rejoins au milieu de ton cortège et les chevaux s’arrêtent savent pas quoi faire quand y a deux centres on se fait une figure on peut faire ce qu’on veut ici entre ces chevaux arrêtés ce banc de poisson glacé on est aussi immortelle et en mouvement que tout. Je parle pas des rivières, ni des immeubles, ni des passages piétons.


 

Nadia Vadori-Gauthier. 26042012. 10 mn.

entre deux loups / entre chien en loup / entre animal et pluie / entre toi et moi / entre /glisse / entre / entre-lace / outre-passe l'outre-monde / entre / passe / passe outre / outre-mer / outre-humain / pendule au mouvement plus ou moins ample, pulsation des apparemment contraires, je passe d'un bord à l'autre, d'une ligne invisible entre mon image et ma désimage, entre mon vêtement et ma nudité/ brouille les pistes des conventions rétiniennes - touche avec tes cils - touche avec ta langue - parle à rebours pour les invisibles - pour les fleurs nocturnes / dissoudre/ dissoudre/ défaire / faire / seuil / faire passer/ traduire en langue des signes - traduire ce qui n'a même pas de mots - imaginer ce dont l'image ne se aussi pas figer - fondre la glace des représentations / chauffer / rafraîchir / sentir l'air qui glisse de l'un à l'autre homme femme animal enfant - rêve ou réel comme un galet dans la main entre passé et futur toujours sur la crête de la vague qui déferle vers une intensité imminente toujours à venir toujours passée - entre archaïsme et modernité sauvage d'avant-garde / traduis / passe / passe / passe entre les mondes / habitant des seuils / glisse / glisse du rétinien au tactile - neurotransmetteur - hormone de translation / couleur-matière / couleur-lumière / traduis onde en particule et le contraire / deviens ton envers / tisse / détruis / rigole - entre organisme et corps d'étoiles - shoote - sors des lapins de ton slip - sois un arbre ou une chaise ou un humain si tu peux - si tu t'arrêtes de correspondre à une idée - si tu coules toujours vers ta source entre cerf et eau...

 

Véronique Dréau. 26042012. 10 mn.

Vertical Horizontal.

Animal Humain.

Coloration qui couve mon épiderme et qui transmet une onde.

L’onde se propage sur les cellules. Les cellules écoutent la sensation nouvelle, enregistrent le rythme de chaque élément unitaire de l’onde. Chaque élément unitaire de l’onde s’imprime sur l’ADN de la cellule. L’ADN vrille légèrement son hélice et la cellule ondule à une vibration infinitésimale. Nouvelle position de la cellule. Chaque cellule vrille et le chœur des cellules lance le signal le long des chemins sensitifs. Diffusion de la première vibration animale. Un souffle venu du profond épiderme pulmonaire se dégage. Bouche ouverte, le souffle s’échappe. Le cou se cabre, la nuque s’arc boute. Saccades motrices. Premières ruptures articulaires. L’axe vertical se rompt. Appel de l’axe horizontal. Volonté de toucher terre. Mains. Pieds. Ischions


Stéphanie Dufour. 26042012. 10 mn.

Je suis sur le seuil. La porte est face à moi, grande, brute, massive. Comment ouvrir ? Comment passer en dessous ? au travers ? Je respire. Je retourne la chair. Je retourne l’enveloppe extérieure et je vais montrer l’intérieur. L’intérieur qui se cache, qui a peur, qui est frileux. La porte devient une pellicule fine transparente que je transperce. Un trou, un orifice, lequel ? le mien ? lesquels ? les miens ? Le trou n’est pas béant, il est mobile. Il grandit, il se confond avec cette porte, avec moi-même, avec l’intérieur. Le passage est permis.

Traverse moi, traverse, prends l’espace et bouge. Réunion des corps, des organes, des matières. Déplacement. Les formes bougent. Un autre monde apparaît. Confiant. Intime. Généreux. Le passage et l’intervalle. Quel est cet intervalle ? une zone sans frontières, sans bornes, mais avec des bords. Je ne dépasse pas les bornes, mais je joue avec les bords, le bord de ton nez, de ton corps que je viens gratter et mordiller. Borne. Pile. Face. Positif et négatif. Je suis comme un aimant. Je joue avec l’attraction et la répulsion. Bing. Entraîne. Puis pause. Un autre seuil. Une transformation. Un changement de plan, de la porte verticale, je cherche l’horizontal, l’horizon. La vue ras des pâquerettes, ras du sol, mais le sol est relié au ciel. Entre les couches de différentes épaisseurs dans lesquelles je me love avec douceur, lenteur, ou rapidité. Je varie le rythme de mon intervalle. Le regard ouvert. Le cœur ouvert. Le corps ouvert. Ça transpire. Ça vibre dans tous les pores. La couche de ma chair qui englobe mon être est poreuse, je vois une multitude de trous dans lesquels on peut s’enfoncer. Des petits, des grands, des serrés, très serrés qui par une caresse s’ouvre à toi, à l’autre, à moi. Passer de l’un à tous…